Cave De Ribeauvillé

En 1895, au lendemain des bouleversements liés à la guerre franco-prussienne, 44 familles de vignerons alsaciens se réunissent dans une salle de classe de l’ancienne école primaire protestante de Ribeauvillé.

Elles y fondent une coopérative sur le modèle des idées sociales de Frédéric Raiffeisen, dans lequel chaque membre met en commun son raisin et partage équitablement les bénéfices. Naît alors le « Rappoltsweiler Winzerverein » (association des vignerons de Ribeauvillé).

Le sens de l’entraide et la volonté collective de valoriser le terroir deviennent les moteurs de cette création. L’organisation se dessine dans un esprit d’engagement local fort, associant non seulement les vignerons mais aussi les paroisses protestantes et catholiques, ainsi que les écoles confessionnelles, dans un véritable œcuménisme social et économique au sein du village.

Les premières années se consacrent à structurer la coopérative. Il faut improviser des locaux, la salle du cercle catholique mise à disposition dès le début ne suffit pas.

Les caves annexes des paroisses protestantes sont alors exploitées, sous l’Hôpital et sous l’école protestante de jeunes filles, place du Temple. Dès l’origine, la Cave de Ribeauvillé s’appuie sur un maillage collectif qui dépasse les seules attentes des viticulteurs.

Après l’annexion allemande, la situation du vignoble se détériore fortement : les prix du vin chutent et les ventes déclinent, tandis que la qualité se dégrade sous l’influence du régime.

Les vignes souffrent de maladies cryptogamiques et du phylloxéra, la chaptalisation se généralise, et les taxes élevées sur les vins français compliquent la commercialisation. Certains producteurs Allemands utilisent le vin d’Alsace comme vin-médicament, et des raisins étrangers, venus d’Espagne ou même de Corinthe, sont intégrés à la vinification.

Face à ce constat, les vignerons de la coopérative prennent un tournant décisif en 1905 : ils choisissent de produire des vins de qualité, ouvrent des « Winstuben » à Strasbourg et à Haguenau, et misent sur des plants greffés, sauvant ainsi le vignoble alsacien et réaffirmant son savoir-faire.

Au fil des décennies, la coopérative traverse les aléas de l’histoire : deux guerres mondiales, quatre changements de régime et les crises agricoles. Rien ne vient pourtant entamer la détermination des vignerons.

Dans les années 1950, l’abondance de la récolte impose de repenser le modèle commercial. Sous l’impulsion d’Émile Traber, d’abord appelé pour dissoudre la Cave après les années de guerre, la coopérative retrouve un second souffle.

Visionnaire et fin stratège, il relance l’activité porté par un sens aigu du commerce et une foi profonde dans le collectif. La Cave prend alors un tournant décisif, et s’établit à l’entrée du village pour accompagner son expansion et affirmer sa renaissance.

En 1953 et 1954, deux nouveaux pressoirs horizontaux Vaslin sont installés, suivis de l’acquisition d’immeubles (notamment l’immeuble Becker en 1954) qui permettent de développer la cuverie, l’embouteillage et la logistique.

En 1955, la société ajoute à sa raison sociale « et Environs » pour accueillir des viticulteurs de localités voisines, comme Rodern. L’acquisition complète du Clos du Zahnacker en 1965, représentant 1,24 hectare au cœur du Grand Cru Osterberg, marque un moment fort pour la coopérative qui devient alors propriétaire d’un terroir d’exception.

À partir de 1969, sous la présidence de Jean Gassmann, la structure gagne en maturité et en savoir-faire. Les rachats successifs d’immeubles (Morbach, Wenger, Scheidecker, Dreyer, Brauer) étendent les installations à leur emplacement actuel.

Le XXIe siècle ouvre une nouvelle ère. Engagement environnemental, qualité parcellaire et traçabilité totale deviennent des lignes de force.

La « Charte Qualité Ribeauvillé » formalise cette démarche depuis 2002. En 2019, la Cave devient la première structure viticole en France à voir toutes ses surfaces certifiées HVE.

En 2021, elle est la première en Alsace à produire du vin désalcoolisé.

La Maison mise sur l’innovation pour élargir ses horizons, séduire de nouveaux publics – notamment les 25‑35 ans – et explorer de nouveaux marchés, tout en préservant l’excellence qui lui a valu le titre de « meilleure cave de France » décerné en 2016 par la Revue du vin de France.

En 2025, elle célèbre ses 130 ans, non comme un point d’arrivée, mais comme un tremplin vers l’avenir.

Depuis 130 ans, la Cave de Ribeauvillé est animée par une ligne de conduite qui unit un collectif de vignerons autour de valeurs fortes, telles que la solidarité, la qualité et la transmission.

Au cœur de la Maison vigneronne, 41 familles viticultrices (dont 80 % des noms demeurent identiques depuis la fondation) et 21 salariés participent activement à la production, à la commercialisation et aux décisions stratégiques, dans le respect de l’identité de la Cave, de la vigne à la bouteille.

La production des vins se soumet à un savoir-faire technique sciemment précis. Les vendanges sont exclusivement manuelles, garantissant une sélection rigoureuse.

Le pressurage s’effectue sur grappes entières, à l’aide de pressoirs pneumatiques, afin de préserver les raisins et d’éviter toute trituration.

Après débourbage statique, les fermentations ont lieu en cuves inox thermorégulées ou en cuves de macération pour certains Pinots Noirs.

L’élevage s’effectue en cuves inox, en barriques ou foudres selon les cuvées puis laissé plusieurs années sur lattes pour les Lieux dits, Grands Crus et Crémants.

La traçabilité et la maîtrise de chaque étape sont inscrites dans la « Charte Qualité Ribeauvillé » signée par tous les exploitants ; avec pour objectifs, une amélioration constante de la qualité, une vraie sécurité alimentaire, et un respect de l’identité de chaque terroir.

Ici, l’engagement environnemental se traduit concrètement, dès 2004, alors que la viticulture biologique est initiée.

Un tiers de la production est certifiée bio, et la coopérative s’engage dans la limitation des rendements, la lutte raisonnée, la traçabilité absolue et la certification HVE de la totalité des surfaces qui marque un nouveau jalon.

Cette démarche témoigne d’une vision vivante du patrimoine, celle d’un héritage en mouvement qui se cultive dans le respect de l’environnement et de ceux qui en prolongeront l’histoire.

La Cave de Ribeauvillé dispose d’un outil de production moderne et performant, installé sur un site de 2 hectares avec 9 pressoirs pneumatiques, une cuverie de 42 000 hl et un espace de stockage de 3 000 m².

Quant au caveau d’accueil de 400 m², il reçoit chaque année plusieurs dizaines de milliers de visiteurs. Établit en point central, il annexe une salle d’exposition et de séminaires, ainsi qu’un musée consacré à la vigne et au vin.

Le vignoble couvre près de 250 hectares concentrés à 8 km au nord et 5 km au sud de Ribeauvillé, intégrant les communes avoisinantes de Bergheim, Saint-Hippolyte et Rodern.

L’ensemble, intégralement situé dans les aires de production AOC Alsace, AOC Crémant d’Alsace, AOC Grands Crus, comprend un tiers en agriculture biologique.

Situé sur une faille géologique comparable à celle de Barolo en Italie, le vignoble offre une très grande variété de sols.

Tous les 300 mètres, le type de terroir varie ; une géologie exceptionnelle où se succèdent granites, calcaires, argiles, grès et marnes.

Le respect du terroir est primordial, c’est pourquoi la Cave forme les plus beaux mariages cépage-terroir pour permettre aux vins d’exprimer toute leur quintessence.

Avec de surcroît, des sélections parcellaires très précises, la Cave de Ribeauvillé produit plus de 70 cuvées à l’identité propre chaque année.

Les vignerons exploitent 7 Grands Crus (Altenberg de Bergheim, Gloeckelberg, Kirchberg de Ribeauvillé, Marckrain, Rosacker, Schoenenbourg, Osterberg) ainsi que 7 lieux-dits (Burg, Haguenau, Kugelberg de Rorschwihr, Mühlforst, Pflaenzer, Schofweg, Silberberg de Rorschwihr) et 3 appellations villages (Bergheim, Saint-Hippolyte, Rodern).

Ces terroirs apportent aux vins une palette aromatique riche et contrastée, entre minéralité des schistes ou des granites, densité des marnes, et tension des calcaires.

Sur l’ensemble du vignoble, les sept cépages alsaciens sont travaillés : Pinot Blanc, Sylvaner, Muscat, Riesling, Pinot Gris, Gewurztraminer et Pinot Noir sont transformés en vins tranquilles ou en crémants.

Grâce à cette diversité, la Cave propose une large gamme, capable de répondre à des marchés variés, tout en conservant une identité forte.

En 2025, la Cave de Ribeauvillé célèbre son 130e anniversaire, un cap symbolique marqué par une cuvée collector et un design repensé.

Pour cet événement, la Maison propose une édition limitée de sa cuvée emblématique, le Clos du Zahnacker, habillée de cristaux Swarovski® et numérotée en 1500 exemplaires.

Héritier d’un passé illustre, le Clos du Zahnacker fut longtemps partagé entre nobles et religieux. Son nom remonte au VIIIe siècle, lorsque le moine-chevalier Martin Zahn donna son empreinte à cette parcelle ceinte de murs – le « jardin de Zahn ».

Depuis 1965, ce clos emblématique appartient à la Cave de Ribeauvillé. Ses 124 ares, adossés au Château du Haut-Kœnigsbourg et nichés au cœur du Grand Cru Osterberg, reposent sur des sols du Trias mêlant calcaires et marnes, baignés d’une lumière orientée plein sud-est.

Fidèle à la tradition, le domaine conserve la complantation à parts égales de Riesling, Pinot Gris et Gewurztraminer, qui ensemble signent l’identité du mythique vin du Clos du Zahnacker.

Fruit d’un pressurage délicat et d’un élevage sur lies fines, ce vin présente une robe dorée, des notes minérales et fumées, une bouche ample, équilibrée et persistante. Par sa qualité de garde exceptionnelle, il se sera davantage sublimé dans 20 ou 30 ans.

Chaque bouteille de cette cuvée anniversaire arbore une élégante étiquette reprenant la gravure d’un hanap, un gobelet orfévré d’origine médiévale, doté d’un pied et d’un couvercle.

Dans cette édition d’exception, il est orné de cristaux Swarovski®, clin d’œil au faste des grandes cours ; et, repositionnable, il peut être placé ensuite sur un nouvel objet.

La légende raconte que Louis XIV aurait dégusté ce fameux Clos du Zahnacker, lors de son passage à Ribeauvillé en 1673, dans un somptueux hanap, qui est aujourd’hui exposé à la mairie de Ribeauvillé.

Issue d’un vrai travail graphique, toute l’identité du packaging a été pensée pour évoquer un « objet de patrimoine », tout en s’attachant à rendre lisible la relation entre le flacon, le lieu et le vigneron..