15 ans au contact de la Haute Cuisine
Zacharie Kraemer n’arrive pas en terrain inconnu : il est l’enfant du village, de ceux dont la trajectoire professionnelle finit par boucler la boucle.
Son CV déroule quinze années au contact de la haute cuisine française : première immersion en 2012 au Relais de la Poste (1 ★ Michelin) (La Wantzenau), passage par Le Crocodile (1 ★) (Strasbourg), puis cap à l’est vers Annecy chez Yoann Conte (2 ★) – avant des expériences dans le Haut-Rhin, à La Table d’Olivier Nasti (2 ★) et chez Jean-Yves Schillinger(2 ★). Il s’ancre ensuite, à partir de 2018, à L’Arnsbourg (1 ★) (Baerenthal), maison iconique aujourd’hui pilotée par Laure et Fabien Mengus.
Un profil de cuisinier exigeant!
Ces étapes structurent son profil de cuisinier exigeant, à l’aise dans les maisons où la précision dicte le rythme.
Le choix d’ouvrir chez lui tient autant de l’attachement au lieu que du pragmatisme entrepreneurial : après des mois de repérages de fonds de commerce sans coup de cœur, Kraemer décide d’ériger son propre outil de travail dans un bâtiment neuf de 360 m² édifié sur un terrain familial, en lisière de champs; la salle de restaurant, 70 m², est dimensionnée pour environ 20 couverts, soit une jauge qui permet la proximité avec les convives et une gestion fine des coûts variables.
Une gastronomie accessible
Sur l’assiette, Zacharie Kraemer annonce de très belles choses mais à des tarifs accessibles. Traduction : une carte courte pilotée par les achats du moment, un menu du midi quotidien pour capter le flux local et un menu mystère en cinq temps qui laisse au chef la liberté de composer un récit saisonnier, sans l’inertie d’un grand menu de dégustation figé.
Le registre se revendique “cuisine du monde”, avec des touches locales assumées : le sourcing privilégie les producteurs d’Alsace du Nord, sans s’interdire des produits exogènes lorsque le thème d’assiette l’exige (poissons de roche, agrumes, épices).
Ce positionnement “accessibilité-exigence” ne sort pas de nulle part. Il prolonge une culture d’exécution apprise dans des maisons où la régularité se travaille : chez Yoann Conte à Veyrier-du-Lac (2 ★ Michelin) et à La Table d’Olivier Nasti à Kaysersberg (2 ★), l’équation qualité-prix horlogère est centrale.
À L’Arnsbourg, l’architecture de l’expérience (cuisine créative, immersion en forêt, service millimétré) instille aussi un goût prononcé pour la dramaturgie culinaire – utile quand on conçoit un menu à l’aveugle.